La vidéo
C'est une table ronde digitale organisée par ZePros Territorial et Innopolis Expo :
« Face à la crise énergétique :
la rénovation de l'éclairage public »
Quelques enseignements tirés de la vidéo
Entretien avec ...
Entretien avec Jean-Michel Tricoire, membre de la LPO et de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN).
Jean-Michel Tricoire - A Cholet l’extinction des lumières se fait entre minuit et 5 h tous les jours. L’idéal pour la biodiversité serait qu’il n’y ait plus de lumière du tout. C’est important de se caler avec la nature, l’hiver par exemple la faune et la flore sont au ralenti, mais sur la période printemps-été l’idéal serait qu’il n’y ait plus de lumière du tout. Certaines communes de Cholet Agglomération profitent des journées les plus longues pour ne pas allumer du tout leur éclairage de la mi-mai à la mi-août.
Initiatives Citoyennes Choletaises - Quels sont les impacts de la lumière sur la biodiversité ?
JMT - En fait toutes les espèces sont impactées car la lumière agit sur les secrétions hormonales des espèces diurnes et nocturnes. Concernant les amphibiens qui sont des animaux plutôt nocturnes la lumière peut perturber la reproduction, les pontes. Les petits mammifères, en milieu urbain, principalement les hérissons et les chauves souris, voient leur activité réduite, quant aux insectes, ils sont attirés par la lumière et s’épuisent autour des lampadaires, donc moins de pollinisation nocturne. On évalue à 40 % la baisse de la pollinisation due à la pollution lumineuse.
Les oiseaux, eux, sont désorientés, la luminosité modifie leurs repères dans les parcours de migration, et certaines espèces d’oiseaux perturbés se mettent à chanter la nuit, ce qui conduit à de l’épuisement.
Les végétaux souffrent aussi de l’éclairage public la nuit car la lumière est un signal, et les plantes peuvent être stimulées plus longtemps, ce qui les fragilise, et elles sont donc plus sensibles aux maladies.
Quant aux humains, c’est dans le noir que le cerveau sécrète la mélatonine l’hormone de l’endormissement. »
Il faut savoir que les impacts sont dus à l’intensité lumineuse mais aussi à la température de couleur. Une couleur chaude qui tend vers le jaune est moins nocive qu’une couleur froide qui tend vers le bleu. Beaucoup de collectivités ont remplacé leur éclairage par des leds pour des raisons économiques, mais reste à privilégier les couleurs chaudes.
ICC - Qu’est ce que l’on pourrait améliorer pour protéger encore mieux la biodiversité ?
JMT - La France a une législation très développée, une des plus élaborée au monde dans le domaine, mais malheureusement peu appliquée. Prenons l’exemple des vitrines des magasins dont l’éclairage devrait s’éteindre 1h après la fermeture. Il en est de même pour les chantiers. C’est rarement respecté. La loi exige que les luminaires aient une ULR de 0 %, l’ULR est la mesure qui indique le pourcentage de lumière vers le ciel mais il y a encore des nouvelles installations qui ne prennent pas en compte cette réglementation comme par exemple au lycée Renaudeau à Cholet.
En novembre 2023, le pouvoir de police du maire a été renforcé par un décret qui l’autorise à dresser des contraventions en cas de pollution lumineuse : réglementation de la publicité extérieure, enseignes et préenseignes.
On peut dire quand même que les collectivités font leur part restent à convaincre les ménages, les commerçants, et surtout les entreprises car le gros problème se situe dans les zones d’activité.
ICC - Quelles solutions pour celles et ceux qui doivent se déplacer la nuit et qui se sentent en insécurité ?
JMT - Il faut rappeler qu’il n’y a pas de lien de causalité entre l’extinction des éclairages et le nombre d’agressions. Souvent les gens ont peur non pas de la nuit mais du fait de se retrouver seul dans une rue, ou dans tout un pâté de maisons. Je ne suis pas favorable au techno-solutionnisme qui consisterait à équiper les communes en détecteurs de mouvement. Une bonne lampe torche ou la lampe du téléphone portable sont suffisantes. On peut s’inspirer des bonnes pratiques des territoires voisins : gestion de l'éclairage public à Sèvremoine.
ICC - Vous restez optimiste ?
JMT - Oui. Depuis un an la pollution lumineuse en France aurait diminué. L’effet prix y est sans doute pour quelque chose. Est-ce que cela va durer ? C’est déjà une avancée d’arrêter d’éclairer pendant 5 ou 6h. De plus en plus de territoires ont commencé à identifier leurs trames noires qui sont un réseau de corridors empruntés par les espèces nocturnes. Les gens sont de plus en plus sensibilisés et le sujet fait débat ici pour l’éclairage d’un château, là pour l’éclairage d’un parking.
Ils ont besoin de nous
Jusqu'au 15 mai prochain, la LPO-Anjou organise un recensement des derniers sites
de reproduction du « moineau friquet ». En effet, sa population est en
fort déclin..
Vous pouvez les aider si vous en voyez en les contactant par mail : anjou.accueil@lpo.fr
